Pablo-Angelo Aviges
Ode au pigeon
Compagnon de nos villes, autrefois célébré et aujourd’hui méprisé, le pigeon incarne un exemple de la relation conflictuelle que l’homme entretient avec le vivant. Ce mémoire dévoile son histoire fascinante, ses symboles oubliés et la passion qu’il continue d’inspirer. Au travers de cet écrit je découvre ce que cet oiseau révèle de nous et de lui… et pourquoi il mérite, peut-être, une fête en son honneur.
1/3 : Pigeons des villes
︎Octobre 2024
2/3 : Dans les yeux du colombophile
︎Novembre 2024
3/3 : Célébrer l’animal
︎Décembre 2024
Chapitre 2
Dans les yeux du colombophile
Le pigeon a dans le chapitre précédent été déclaré non coupable des accusations portées contre lui. Sorti de garde à vue, il s'en va comme à son habitude auprès de son nid retrouver sa femme, ses petits… et ses amis humains. Car il ne fait pas l’unanimité contre lui. Les colombophiles continuent de célébrer l’horrible volatile. J’essaierai ici de comprendre le pigeon et la passion qu’il inspire à ceux qui l’élèvent, colombophiles ou colombiculteurs. Je tâcherai de découvrir comment il a été représenté et les symboles qu’il incarne au travers de la colombe. Je m’adresserai enfin à ceux qui l’ont employé mais aussi licencié.
L’homme a pris le pigeon sous son aile et il y a bien des raisons qui justifient l’amour qu’il lui porte. Il aurait pu élever l’aigle, si puissant, majestueux, rapide. Heureusement, sauf erreur de ma part, le pigeon n’est pas un aigle.
Extrait de vidéo
︎1︎
comparant un aigle et un pigeon
1. La symbolique du pigeon
Le pigeon est-il un aigle ?
Même s'il a aussi un bec, deux ailes, un plumage coloré et des pattes avec quatre doigts, ce n’est pas un aigle. Le pigeon est rapide, il peut atteindre en vol les 70 km/h, mais ce n’est pas autant que l’aigle, qui vole à 130 km/h. En fait, si le pigeon reste loin de la vitesse de pointe de l’aigle, il est en revanche un champion de l’endurance. Certaines espèces sont capables de voler jusqu’à 16 heures d’affilée. Les pigeons parviennent à réaliser ces exploits pour plusieurs raisons. Premièrement, ils volent en altitude, ce qui leur permet d’éviter les obstacles et les prédateurs. Lors de ces vols long courrier, le pigeon survit sans nourriture ni eau. Les réserves de graisse stockées lui fournissent de l'énergie. L’aigle est un prédateur, pas le pigeon ; celui-ci ne se nourrit pas de mammifères, des miettes lui suffisent.
Dresser un rapace relève d’un processus d'élevage technique et complexe qui requiert des connaissances et des outils de fauconnerie. Pour apprivoiser un pigeon, il ne faut que de la nourriture et un nid. Le pigeon est affectueux et profite de l'organisation humaine. Il semble donc logique que l’homme se soit lié d’amitié avec un animal qui ne lui est pas hostile. On n'aurait pas demandé à un alligator, un grizzly ou un aigle de délivrer des messages.
Bienheureux est celui qui a dressé le pigeon voyageur. Même si aujourd’hui on l’a remplacé par le téléphone. Les deux sont ergonomiquement proches. Un pigeon tient mieux dans la main qu’un iPhone 15 pro max. Il suffit de rabattre ses pattes vers l’arrière pour le maintenir dans une main. L’autre main sert à attraper le message attaché à la patte du volatile.
Comme l’iPhone, il existe le coloris gris aux reflets métallisé classique mais certains préfèrent l'extravagance du plumage d’un pigeon frisé ou le volume du goître d’un pigeon Boulant. Le pigeon voyageur s’apparente à un objet à la taille de la main. Les passionnés le manipulent comme un couteau suisse et dégainent ses ailes pour en montrer les plumes comme pour révéler un carré d’as.
Mes recherches me permettent ainsi de conclure que le pigeon n’est pas un aigle : il se démarque par ses qualités d’endurance, son affection et la richesse des membres qui composent l'espèce. Plus étonnant encore, des analyses anatomiques du tyrannosaure menées par le chercheur Chris Organ de l’université de Harvard ont révélé des liens de parenté improbables entre le T-Rex et les oiseaux modernes :
« Ces résultats confirment les prédictions faites à partir des observations anatomiques des squelettes et représentent la première preuve moléculaire du lien dans l'évolution des espèces entre les oiseaux modernes et un dinosaure non aviaire » ︎2︎
Le pigeon n’est donc pas un aigle et l’aigle n’est pas un pigeon, mais ils furent tous deux des tyrannosaures.
︎1 ︎
Pigeon & Falconry (Pigeon and Falconry),« pigeon vs eagle || rescued eagle day by day health compilation || the rising of Indian falconry », https://www.youtube.com/watch?v=yC-WAKzmeZU
︎2︎ Organ, Chris, Molecular analysis confirms T. Rex’s evolutionary link to birds, Harvard Gazette, 24 avril 2008.
︎2︎ Organ, Chris, Molecular analysis confirms T. Rex’s evolutionary link to birds, Harvard Gazette, 24 avril 2008.
Le pigeon et le Hagakure
Celui qui porte un amour inconditionnel à cette espèce, au-delà de tout rapport utilitariste, c’est le colombophile. Cela transcende le rapport homme-animal. Ghost dog ︎3︎ , le personnage du film éponyme de Jim Jarmusch, est un tueur à gages qui vit au travers de la poésie tout en suivant la voie du samouraï. Des passages-clés du Hagakure ︎4︎ aident Ghost Dog à atteindre le plein éveil et la sagesse. Il dévoue son existence à l’homme qui l'a sauvé, et à ses pigeons avec lesquels il vit sur un toit new-yorkais.
![]()
Ghost Dog ︎5︎ sur le toît qu’il partage avec sa volière de pigeons
Jim Jarmusch établit un lien symbolique inattendu entre les valeurs du pigeon et celles du samouraï. Le pigeon et le Hagakure, le code éthique des samouraïs, partagent des valeurs telles que la loyauté ou le sacrifice de soi. Tout comme les samouraïs, qui vivaient pour servir leur seigneur, les pigeons voyageurs montrent un dévouement total à leur mission, revenant toujours à leur point d’origine malgré les dangers. Leur résilience rappelle la préparation des samouraïs aux épreuves et à la mort, et bien qu’ils ne soient pas conscients du sacrifice, les pigeons parcourent d’immenses distances en affrontant les intempéries et les prédateurs. Le Hagakure valorise aussi la simplicité et l’humilité, des qualités incarnées par le pigeon, un oiseau modeste mais capable d’exploits remarquables sans chercher à impressionner, contrairement aux rapaces majestueux comme l’aigle. Enfin, le pigeon, par son retour instinctif au pigeonnier, symbolise un attachement aux racines et à la mission qui rappelle l’engagement des samouraïs envers leur terre et leur seigneur.
Lorsque j’entends un colombiculteur parler de son pigeon le plus rare, je me revois montrer mon dragon blanc aux yeux bleus avec fierté. Quand j'ouvre des paquets de cartes sans fin et sans savoir à quoi m’attendre, le colombiculteur, lui, observe en continu l’évolution des nouveau-nés de son élevage pour découvrir l’anatomie qu’ils présenteront.
Le colombiculteur est comme moi avec mon jeu de cartes : c’est un collectionneur. Henri Cueco présente dans Le collectionneur de collections la collection comme un moyen de faire le tour d’une petite partie d’un monde trop vaste. S’il ne peut pas découvrir l’entièreté du monde, il peut au moins tenter d’épuiser la petite niche des colombidés. Ce passionné semble voir le pigeon comme un objet. Une position qui questionne, même si elle ne semble pas trahir l’affection qu’il porte à son élevage.
S’il est biologiquement un T-rex, idéologiquement un Samouraï, aux yeux de son collectionneur, le pigeon a une valeur plus importante qu’un dragon blanc aux yeux bleus ︎6︎ .
![]()
Dragon Blanc aux Yeux Bleus, 1996, 1ère édition
Celui qui porte un amour inconditionnel à cette espèce, au-delà de tout rapport utilitariste, c’est le colombophile. Cela transcende le rapport homme-animal. Ghost dog ︎3︎ , le personnage du film éponyme de Jim Jarmusch, est un tueur à gages qui vit au travers de la poésie tout en suivant la voie du samouraï. Des passages-clés du Hagakure ︎4︎ aident Ghost Dog à atteindre le plein éveil et la sagesse. Il dévoue son existence à l’homme qui l'a sauvé, et à ses pigeons avec lesquels il vit sur un toit new-yorkais.
Ghost Dog ︎5︎ sur le toît qu’il partage avec sa volière de pigeons
Jim Jarmusch établit un lien symbolique inattendu entre les valeurs du pigeon et celles du samouraï. Le pigeon et le Hagakure, le code éthique des samouraïs, partagent des valeurs telles que la loyauté ou le sacrifice de soi. Tout comme les samouraïs, qui vivaient pour servir leur seigneur, les pigeons voyageurs montrent un dévouement total à leur mission, revenant toujours à leur point d’origine malgré les dangers. Leur résilience rappelle la préparation des samouraïs aux épreuves et à la mort, et bien qu’ils ne soient pas conscients du sacrifice, les pigeons parcourent d’immenses distances en affrontant les intempéries et les prédateurs. Le Hagakure valorise aussi la simplicité et l’humilité, des qualités incarnées par le pigeon, un oiseau modeste mais capable d’exploits remarquables sans chercher à impressionner, contrairement aux rapaces majestueux comme l’aigle. Enfin, le pigeon, par son retour instinctif au pigeonnier, symbolise un attachement aux racines et à la mission qui rappelle l’engagement des samouraïs envers leur terre et leur seigneur.
Lorsque j’entends un colombiculteur parler de son pigeon le plus rare, je me revois montrer mon dragon blanc aux yeux bleus avec fierté. Quand j'ouvre des paquets de cartes sans fin et sans savoir à quoi m’attendre, le colombiculteur, lui, observe en continu l’évolution des nouveau-nés de son élevage pour découvrir l’anatomie qu’ils présenteront.
Le colombiculteur est comme moi avec mon jeu de cartes : c’est un collectionneur. Henri Cueco présente dans Le collectionneur de collections la collection comme un moyen de faire le tour d’une petite partie d’un monde trop vaste. S’il ne peut pas découvrir l’entièreté du monde, il peut au moins tenter d’épuiser la petite niche des colombidés. Ce passionné semble voir le pigeon comme un objet. Une position qui questionne, même si elle ne semble pas trahir l’affection qu’il porte à son élevage.
S’il est biologiquement un T-rex, idéologiquement un Samouraï, aux yeux de son collectionneur, le pigeon a une valeur plus importante qu’un dragon blanc aux yeux bleus ︎6︎ .
Dragon Blanc aux Yeux Bleus, 1996, 1ère édition
︎3︎
Jarmusch, Jim, Ghost Dog: The Way of the Samurai, 1999.
︎4︎ Yamamoto, Tsunetomo, Hagakure: The Book of the Samurai, trad. William Scott Wilson, 1979.
︎6︎ Op.cit. Jarmusch, Jim
︎5︎ Le Dragon Blanc aux Yeux Bleus est l'une des cartes les plus emblématiques du jeu de cartes Yu-Gi-Oh!. Introduit dans la série originale, il est associé à Seto Kaiba, le rival de Yugi Muto, le personnage principal.
︎4︎ Yamamoto, Tsunetomo, Hagakure: The Book of the Samurai, trad. William Scott Wilson, 1979.
︎6︎ Op.cit. Jarmusch, Jim
︎5︎ Le Dragon Blanc aux Yeux Bleus est l'une des cartes les plus emblématiques du jeu de cartes Yu-Gi-Oh!. Introduit dans la série originale, il est associé à Seto Kaiba, le rival de Yugi Muto, le personnage principal.
La colombe de Pablo
José Ruiz y Blasco ︎7︎ , en plus d'être un peintre et professeur d'art, était également colombophile. Élever et entraîner des pigeons voyageurs était pour lui plus qu’un passe-temps ; il appréciait la beauté, la fidélité et le caractère presque poétique de ces oiseaux. Ces peintures classiques où il représente ses pigeons lui valurent une certaine notoriété. Dans sa maison familiale à Málaga, son fils, dès le jeune âge de 4 ans, s’amuse lui aussi à représenter au mieux les oiseaux de son père. Le jeune Pablo crayonne, gribouille, barbouille, découpe pour représenter un animal qui deviendra un motif récurrent de ses travaux futurs. Si on pourrait à première vue croire à un récit autobiographique, je ne parle malheureusement pas de mon enfance mais bien de celle de Pablo Picasso. Pablo grandit entouré de ces oiseaux, appelés à habiter ses œuvres.
![]()
En avril 1949, en pleine guerre froide, 2000 délégués provenant du monde entier participent au premier Congrès mondial des partisans de la paix. Le poète Louis Aragon suggère de représenter sur l’affiche de l’événement une colombe peinte par Picasso. La lithographie du pigeon deviendra un symbole de paix. Il simplifiera plus tard le dessin de cette colombe de la paix, renforçant par là son allure symbolique.
La période de 1947 à 1970 sera marquée par sa découverte de l’atelier Madoura dans le sud de la France. Le peintre développera une étroite relation avec ses artisans et ils produiront ensemble un grand nombre d’assiettes, de plats, de vases, de cruches... Picasso dessine sur ces céramiques des taureaux, des visages et un grand nombre de colombes. Il cultive un univers jovial inspiré par la Méditerranée. Fidèle à son engagement politique communiste, son objectif est de proposer des pièces d’exception à des prix abordables. Les coups de pinceau soulignent les volumes et galbes des pièces, le tracé irrégulier donne vie aux personnages représentés. Bien qu’il s’agisse d'œuvres d’art en céramique, Pablo y voit des objets d’usage. Il écrira à André Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans ».
![]()
Le pigeon, en tant que symbole de paix, n'a pas été inventé par Picasso. Avant lui, différents récits religieux se servent de la colombe pour incarner des valeurs universelles de paix, de pureté et de protection divine. Dans le christianisme, la colombe représente le Saint-Esprit et la réconciliation entre Dieu et l’humanité, comme la colombe revenant à Noé avec un rameau d’olivier. Dans l’islam, le pigeon est associé à la protection divine, notamment dans la légende où il protège le prophète Mahomet pendant l’Héjire. Dans le judaïsme, il est un symbole de pureté et de dévotion, souvent offert en sacrifice dans des rites de purification. Les religions orientales, comme l’hindouisme et le bouddhisme, voient en lui un messager spirituel et un porte-bonheur, capable de relier les vivants et les esprits. Même dans les mythologies antiques, le pigeon était un messager sacré, lié aux déesses de l’amour comme Inanna et Aphrodite.
Le pigeon est doux, inoffensif, il semble pur. L’innocence et la résilience dont il fait preuve justifient ces associations divines. Toutes ces qualités qu’on lui prête nous rappellent que le pigeon n’est pas un aigle, et c’est pour cela qu’on l’aime.
José Ruiz y Blasco ︎7︎ , en plus d'être un peintre et professeur d'art, était également colombophile. Élever et entraîner des pigeons voyageurs était pour lui plus qu’un passe-temps ; il appréciait la beauté, la fidélité et le caractère presque poétique de ces oiseaux. Ces peintures classiques où il représente ses pigeons lui valurent une certaine notoriété. Dans sa maison familiale à Málaga, son fils, dès le jeune âge de 4 ans, s’amuse lui aussi à représenter au mieux les oiseaux de son père. Le jeune Pablo crayonne, gribouille, barbouille, découpe pour représenter un animal qui deviendra un motif récurrent de ses travaux futurs. Si on pourrait à première vue croire à un récit autobiographique, je ne parle malheureusement pas de mon enfance mais bien de celle de Pablo Picasso. Pablo grandit entouré de ces oiseaux, appelés à habiter ses œuvres.
José Ruiz y Blasco, Paloma, 1888
En avril 1949, en pleine guerre froide, 2000 délégués provenant du monde entier participent au premier Congrès mondial des partisans de la paix. Le poète Louis Aragon suggère de représenter sur l’affiche de l’événement une colombe peinte par Picasso. La lithographie du pigeon deviendra un symbole de paix. Il simplifiera plus tard le dessin de cette colombe de la paix, renforçant par là son allure symbolique.
La période de 1947 à 1970 sera marquée par sa découverte de l’atelier Madoura dans le sud de la France. Le peintre développera une étroite relation avec ses artisans et ils produiront ensemble un grand nombre d’assiettes, de plats, de vases, de cruches... Picasso dessine sur ces céramiques des taureaux, des visages et un grand nombre de colombes. Il cultive un univers jovial inspiré par la Méditerranée. Fidèle à son engagement politique communiste, son objectif est de proposer des pièces d’exception à des prix abordables. Les coups de pinceau soulignent les volumes et galbes des pièces, le tracé irrégulier donne vie aux personnages représentés. Bien qu’il s’agisse d'œuvres d’art en céramique, Pablo y voit des objets d’usage. Il écrira à André Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans ».
Pablo Picasso, Congrès mondial des partisans de la paix, 1949
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
Série de de colombes dessinées par Pablo Picasso
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
Série de céramiques produites par Pablo Picasso
Série de de colombes dessinées par Pablo Picasso
Série de céramiques produites par Pablo Picasso
Le pigeon, en tant que symbole de paix, n'a pas été inventé par Picasso. Avant lui, différents récits religieux se servent de la colombe pour incarner des valeurs universelles de paix, de pureté et de protection divine. Dans le christianisme, la colombe représente le Saint-Esprit et la réconciliation entre Dieu et l’humanité, comme la colombe revenant à Noé avec un rameau d’olivier. Dans l’islam, le pigeon est associé à la protection divine, notamment dans la légende où il protège le prophète Mahomet pendant l’Héjire. Dans le judaïsme, il est un symbole de pureté et de dévotion, souvent offert en sacrifice dans des rites de purification. Les religions orientales, comme l’hindouisme et le bouddhisme, voient en lui un messager spirituel et un porte-bonheur, capable de relier les vivants et les esprits. Même dans les mythologies antiques, le pigeon était un messager sacré, lié aux déesses de l’amour comme Inanna et Aphrodite.
Le pigeon est doux, inoffensif, il semble pur. L’innocence et la résilience dont il fait preuve justifient ces associations divines. Toutes ces qualités qu’on lui prête nous rappellent que le pigeon n’est pas un aigle, et c’est pour cela qu’on l’aime.
︎7︎
José Ruiz y Blasco est un peintre Espagnol né en 1858 à Malaga, il s’éteint en 1913 à Barcelone.
2. Pigeon de guerre
Fiabilité : 99%
Aux antipodes du concept de paix se trouve celui de la guerre. Ironiquement, c’est sur le champ de bataille que le pigeon voyageur s’est particulièrement illustré.
Lors de la Première Guerre mondiale, 100 000 pigeons sont envoyés sur le front ; lors de la Seconde, 250 000 pigeons seront déployés sur le champ de bataille. Le développement de l'utilisation d’un moyen de communication animal coïncide avec la recherche de François Jarrige dans La ronde des bêtes ︎8︎ . Dans son livre, Jarrige détaille l’utilisation de l’animal en tant que travailleur ; il insiste particulièrement sur son essor au 19ème siècle, avec l’intensification de la consommation induite par la Révolution industrielle. Sa recherche pose la question de la légitimité du travail animal. Pour lui, travail ne rime pas systématiquement avec aliénation. Le travail animal pouvait ainsi servir à intégrer le vivant dans la société humaine. Un glissement s’est effectué et nous a vu passer d’un travail animal à un animal travaillé. Nous avons oublié l’animal-moteur pour nous concentrer sur l’animal-matière. L’un des premiers animaux à qui l’on a retiré le travail mécanique est le chien ︎9︎ . Nous pouvons légitimement nous demander si donner à un chien un travail physique est moins éthique que d’en faire un soutien émotionnel en restant enfermé allongé sur un canapé. Évidemment, si l’animal-moteur a été délaissé pour des solutions plus performantes, le pigeon voyageur a, lui, laissé sa place au téléphone. En temps de crise énergétique, l'analyse anthropologique de François Jarrige invite à envisager comment diminuer la consommation et diversifier les sources d’énergies.
Peut-être existe-t-il encore un contexte dans lequel, pour transmettre des messages ou prendre des photos aériennes ︎10︎ , l’énergie d’un pigeon suffirait.
Moulin à chien, 1930, anonyme
Sur le champ de bataille, les rapports sont formels et ne tarissent pas d’éloges quant à l’utilisation des pigeons voyageurs. L’USASC (United States Army Signal Corps) estime la fiabilité du moyen de communication colombidé à 95 % lors de la Première guerre mondiale et à 99 % lors de la Seconde. Le service colombophile de l’armée française souligne également dans un rapport qu’il est le moyen de communication le plus fiable :
« Ces exemples choisis dans des situations où tous autres moyens de liaison ont failli montrent que le pigeon voyageur, s’il ne constitue pas toujours le moyen de communication le plus rapide, est incontestablement le seul qui puisse fonctionner à tout moment ». ︎11︎
« En quelques coups d’aile, ils échappent à la zone la plus dangereuse, ils s’écartent volontairement de la ligne directe, la route est longue, mais combien plus sûre » ︎12︎
Soldats de la première guerre mondiale équipés de pigeons voyageurs
Tout éleveur de pigeons voyageurs, au lancement de son élevage, doit d’ailleurs déclarer accepter que ses pigeons soient réquisitionnés en cas de guerre électronique.
C’est aussi pour anticiper cette guerre que l’armée française conserve le 8ème régiment des Transmissions, dernier bataillon colombophile, basé au Mont Valérien à Suresne. Le maréchal des logis Sylvain Rouffelaers nous met tout de même en garde :
« Si on en est réduit à reprendre des pigeons voyageurs, c'est vraiment que ça craint...mais on pourrait, il faudrait juste les ré-entraîner pour ça.» ︎13︎
Au Fort du Mont Valérien
C’est en 1870, lorsque Paris est assiégé par l’armée prussienne, que les premiers pigeons voyageurs sont utilisés par l’armée française. Ils le seront pour la dernière fois en 1961 pendant la guerre d'Indochine. Le président De Gaulle décide d’en arrêter l’utilisation au profit de nouvelles technologies plus performantes. Mais il décide également de conserver un régiment dédié à la perpétuation de la tradition de l’élevage. Ce dernier pigeonnier militaire est également un moyen de célébrer l’utilisation passée du pigeon et sa mémoire. Le pigeonnier conserve environ 200 spécimens. Lui est associé un musée à la gloire du pigeon militaire. Images et objets d’archives s’y entremêlent.
Dans la démarche de conservation et de commémoration, l’équipe colombophile du régiment pilote des programmes de restauration de matériels anciens comme de colombiers mobiles. Les pigeonniers mobiles étaient des camions dédiés au transport de pigeons. Installés près des lignes téléphoniques afin de réceptionner les messages du front et les transmettre au destinataire.
Images d’archives de pigeonnier mobiles utilisés en temps de guerre
La commémoration muséale rend honneur aux services rendus par les pigeons dans ces contextes exceptionnels. On y voit même certains pigeons décorés. Outre l’affection que cela témoigne pour ces oiseaux, on peut y voir du respect et de l’admiration.
Lorsqu’on demande à Sylvain Rouffelaers, responsable du colombier, s’il porte de l’amour à ses pigeons, il répond :
« Je ne dirais pas qu’il y a de l’amour mais je les aime quand même. Voilà, c’est un peu mes collègues mais je pense que c’est plus mes enfants, c’est plus mes bébés. » ︎14︎
Les pigeons sont destitués de leurs fonctions de messager. Sylvain Rouffelaers les élève et les entraîne sans attente de retour. Il cultive un rapport désintéressé à l’animal. Leur relation est fondée sur l’admiration pour leurs qualités naturelles et sur un respect profond pour leur fidélité et leur autonomie.
Sylvain Rouffelaers prenant soin de ses pigeons
Les pigeons voyageurs, capables de retrouver leur pigeonnier à des centaines de kilomètres, incarnent une forme de loyauté qui touche profondément Le colombophile. Il apprécie leur ténacité et leur sens de l’orientation infaillible qui inspirent en lui un mélange de fierté et de gratitude. Pour lui, il ne s'agit pas simplement de performance ou d'efficacité, mais de la fascination pour un comportement naturel qu'il soutient et encourage sans en tirer de profit direct.
Ce lien tendre est amplifié par le temps et les soins constants que le maréchal dédie à ses oiseaux. Chaque pigeon est soigneusement observé, sa santé surveillée et son bien-être assuré. Rouffelaers comprend et interprète les subtilités de leurs comportements, développant une connexion presque empathique avec ses oiseaux. Les soins qu'il leur apporte sont souvent décrits comme une forme de don de soi, où son plaisir réside dans l’observation et l’interaction quotidienne avec ses pigeons plutôt que dans une quelconque récompense matérielle.
Ainsi, la tendresse de Sylvain Rouffelaers est marquée par une admiration désintéressée, nourrie par l'intimité et la constance de ce lien. Elle témoigne d'un rapport pur et humble à l’animal, fondé sur une complicité tranquille et le respect du talent et de la liberté d'un compagnon ailé qui, malgré son indépendance, revient toujours au foyer.
︎8︎
Jarrige, François, La ronde des bêtes : Le moteur animal et la fabrique de la modernité, Paris, La Découverte, 2023.
︎9︎ Le chien actionne le moulin en marchant à vitesse régulière dans la roue qui met en marche un outil. Ce genre de moulin pouvait être utilisé pour par exemple moudre de la farine ou transformer le lait en beurre.
︎10︎ Lors de la Première Guerre mondiale, les pigeons étaient utilisés pour la reconnaissance photographique. Ils portaient de petites caméras automatiques attachées à leur corps, capturant des images des lignes ennemies depuis les airs.
︎11︎ Grand quartier général des armées, Exploitation des pigeons voyageurs : résultats obtenus par ce mode de liaison pendant les batailles de Verdun et de la Somme, 1916, p.4
︎12︎ ibid., p.5
︎13︎ FranceTV Info, « À l'ère des drones, l'armée française entretient aussi des pigeons militaires », https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/a-l-ere-des-drones-l-armee-francaise-entretient-aussi-des-pigeons-militaires_4292621.html
︎14︎ Blanchot Lucie, Leret-Surrault Anouk, Moysant Hoël « Porsche 911 », 2024
︎9︎ Le chien actionne le moulin en marchant à vitesse régulière dans la roue qui met en marche un outil. Ce genre de moulin pouvait être utilisé pour par exemple moudre de la farine ou transformer le lait en beurre.
︎10︎ Lors de la Première Guerre mondiale, les pigeons étaient utilisés pour la reconnaissance photographique. Ils portaient de petites caméras automatiques attachées à leur corps, capturant des images des lignes ennemies depuis les airs.
︎11︎ Grand quartier général des armées, Exploitation des pigeons voyageurs : résultats obtenus par ce mode de liaison pendant les batailles de Verdun et de la Somme, 1916, p.4
︎12︎ ibid., p.5
︎13︎ FranceTV Info, « À l'ère des drones, l'armée française entretient aussi des pigeons militaires », https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/a-l-ere-des-drones-l-armee-francaise-entretient-aussi-des-pigeons-militaires_4292621.html
︎14︎ Blanchot Lucie, Leret-Surrault Anouk, Moysant Hoël « Porsche 911 », 2024
La caresse du colombophile
Lorsque Sylvain Rouffelaers saisit un pigeon, il lui porte instinctivement une caresse. Cette manière de caresser l’oiseau établit une connexion entre les deux individus. Emmanuel Levinas, dans Totalité et infini, décrit la caresse comme une expérience relationnelle profonde marquée par la rencontre avec l'autre et l'ouverture vers l'inconnu.
Pour Levinas, la caresse est un geste qui va au-delà du toucher physique : elle incarne une forme de recherche de l’autre, un mouvement vers ce qui est au-delà du présent et de la simple satisfaction. Par sa caresse, le colombophile cherche une manière d'explorer la vulnérabilité et l’altérité du pigeon sans chercher à le posséder. Ce geste l’aide alors à découvrir l’autre, tout en respectant sa singularité et son mystère, sans chercher à le réduire à un objet ou à le comprendre pleinement. En effleurant doucement les plumes de son oiseau, le colombophile ne capture pas l'essence de son compagnon, mais il entre en relation avec un être qu'il respecte et admire sans jamais prétendre le saisir totalement.
![]()
Colombophile caressant son pigeon, anonyme
Lorsque Sylvain Rouffelaers saisit un pigeon, il lui porte instinctivement une caresse. Cette manière de caresser l’oiseau établit une connexion entre les deux individus. Emmanuel Levinas, dans Totalité et infini, décrit la caresse comme une expérience relationnelle profonde marquée par la rencontre avec l'autre et l'ouverture vers l'inconnu.
Pour Levinas, la caresse est un geste qui va au-delà du toucher physique : elle incarne une forme de recherche de l’autre, un mouvement vers ce qui est au-delà du présent et de la simple satisfaction. Par sa caresse, le colombophile cherche une manière d'explorer la vulnérabilité et l’altérité du pigeon sans chercher à le posséder. Ce geste l’aide alors à découvrir l’autre, tout en respectant sa singularité et son mystère, sans chercher à le réduire à un objet ou à le comprendre pleinement. En effleurant doucement les plumes de son oiseau, le colombophile ne capture pas l'essence de son compagnon, mais il entre en relation avec un être qu'il respecte et admire sans jamais prétendre le saisir totalement.
Colombophile caressant son pigeon, anonyme
3. Sculpter le pigeon
Devenir Miss France du jour au lendemain
Le pigeon n’est plus considéré comme un travailleur mais il conserve une place dans nos mémoires. Lors d’expositions et de commémorations on continue de se retrouver pour parler de lui.
Chaque année est organisée par la Société Nationale de Colombiculture, un concours national. L’organisme se vend comme une vitrine de l’élevage français de pigeons de race. L’association est membre de l’Entente Européenne d’Aviculture et de Cuniculture.
La SNC prend en charge des rassemblements de passionnés et spécialistes qui peuvent se rencontrer lors de l’exposition nationale. Durant l’exibition prend place le championnat de France de pigeons de couleur, à l'issue duquel sont récompensés les meilleurs élevages. Les vainqueurs se voient récompensés d’une bague en or (11 au total). Pour décerner les prix, des juges colombicoles se rassemblent et décernent une note à chaque spécimen présenté. L’évaluation se base sur des standards définis au préalable par la SNC. A chaque club de race ses standards. Sur le site du club français du Montauban est passé au peigne fin chaque critère. Par exemple, pour la couronne du Montauban ︎15︎ :
« Couronne : formée de cinq à six rangées de plumes, assez longues, floches, fines et souples,
qui prennent naissance à la nuque, cintrées et dirigées vers le haut en formant un demi-cercle régulier.
Vue de face, elle est plus large que la tête, qu'elle dépasse de chaque côté d'un bon centimètre.
Les plumes de la couronne forment à hauteur de l'œil une rosette dont
certaines plumes peuvent arriver jusqu'à l'œil (on dit que le pigeon a la "plume sur l'œil").
La couronne est prolongée jusqu'à la base du cou par un ensemble de plumes placées inversement.
Certains sujets ont à la couronne, au cou et à la poitrine, des poils très fins, longs de 4 à 5 cm,
passant les plumes et terminées par 8 ou 10 petits fils soyeux formant un léger plumet. »
Ces bagues en or ne sont pas la seule récompense. Depuis 2019, la SNC octroie un vase de Sèvres pour récompenser le vainqueur du prix du Président de la République. »
Le jeune éleveur de 13 ans, Julien Champion, remporte 6 bagues d’or ainsi que le vase de Sèvres lors de l'Exposition nationale d’aviculture de 2022
Ces bagues en or ne sont pas la seule récompense. Depuis 2019, la SNC octroie un vase de Sèvres pour récompenser le vainqueur du prix du Président de la République. En 2023, c’est la commune d’Enchenberg qui accueille l’exposition nationale. 1200 pigeons participent à cet événement organisé par le Pigeon Club de Sarreguemines et du Pays de Bitche, et par le club français des pigeons de couleur. Thierry Weber, éleveur et vice-président du Pigeon club détaille :
« Il faut les nourrir tous les jours. Il faut les soigner tous les jours. Et je dirais que l’exposition c’est bien sûr la finalité. On les bichonne toute l’année, on essaye qu’ils soient au top. Il faut s’imaginer que c’est un concours de beauté, donc Miss France aussi, ce n’est pas du jour au lendemain qu’elle va devenir Miss France. » ︎16︎
Ces événements cristallisent eux aussi un moyen d’immortaliser et de célébrer le pigeon. Chaque candidat est recensé et photographié. Le revue Colombiculture y est distribuée. Cette revue spécialisée diffuse des articles sur des races particulières, techniques d'élevage, interviews d’éleveurs. C’est un canal de discussion en place et archivé depuis le premier numéro paru le 1er janvier 1976. Pour Jean-Marc Weyant, le président du Pigeon club du Pays de Bitche et de Sarreguemines, ces dispositifs sont des prétextes pour se rassembler et échanger.
Revue colombiculture édité par la SNC
Quelques éleveurs qui se sont illustrés lors de la compétition nationale de 2023
︎15︎ Club Français du Montauban, « Standard du Géant Hongrois », https://clubfrancaisdumontauban.jimdofree.com/standards/standard-du-geant-hongrois/
︎16︎France 3 Régions, « Championnat de France du pigeon de couleur : c’est la passion qui nous réunit »,https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/moselle/championnat-de-france-du-pigeon-de-couleur-c-est-la-passion-qui-nous-reunit-2906114.html
︎16︎France 3 Régions, « Championnat de France du pigeon de couleur : c’est la passion qui nous réunit »,https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/moselle/championnat-de-france-du-pigeon-de-couleur-c-est-la-passion-qui-nous-reunit-2906114.html
« Ce n’est pas trop connu. C’est surtout un moment de rencontres. Tous ces gens qu’on côtoie, peut-être qu’une fois dans l’année, c’est la passion qui nous réunit. »︎17︎
Dans certains cas, les croisements génétiques entraînent la disparition des variétés de l’espèce. C’est le cas du mouton qui tend à disparaître au profit du mérinos, élevé pour sa qualité de laine. Pour ce qui est du pigeon et de son élevage, très loin d’objectifs de rente, la richesse est cultivée et plus de 500 races sont recensées. Chaque club est dédié à une espèce aussi spécifique que celle du Club français des pigeons cravatés. La diversité génétique des pigeons est maintenue grâce à la passion transmise entre les éleveurs. La perte de popularité du pigeon auprès du grand public urbain apparaît alors comme un inconvénient.
Toutefois, ces croisements à la quête de la plastique parfaite du pigeon pose des questions éthiques. Bon nombre de croisements sont réalisés dans le but d’obtenir des qualités esthétiques et fantaisistes. Les races de pigeons domestiques sont toutes issues du pigeon bizet. Le colombiculteur, dans ce cas de figure, travaille l’animal comme une matière vivante. S'il se laisse quelquefois surprendre par les croisements, il tente de maîtriser le pigeon tel une production de sculpteur. Il développe une expertise des formes semblable à celle de Brancusi︎18︎ et des connaissances des mélanges de couleur équivalent à celui de Johannes Itten︎19︎.
Le site du club français de Lahore recense méticuleusement les différents croisements de couleur à opérer et ces résultats de couleurs︎20︎ :
« I - MÂLE BLEU X FEMELLE BLEUE : tous les produits sont bleus, sauf si le mâle est impur ; dans ce cas, un quart des produits (toujours des femelles) seront autres que bleu, notamment argentés barrés foncé »
« VI - MÂLE BLEU impur X FEMELLE ARGENTÉE : si le mâle porte le facteur argenté, nous aurons ; ¼ de mâle bleus impurs ; ¼ de mâle argentés purs ; ¼ de femelle bleues pures; »
« XV - MÂLE ROUGE X FEMELLE JAUNE : si le mâle est rouge pur, tous les produits sont rouge ; les femelles sont pures, les mâle sont impurs (parce que portant le facteur jaune) ; si le mâle est rouge impur, 50% des produits sont rouges (impurs pour les mâles), et 50% des produits sont jaunes tous purs. »
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
Les 15 coloris possible du pigeon Lahore
Dans certains cas, les croisements génétiques entraînent la disparition des variétés de l’espèce. C’est le cas du mouton qui tend à disparaître au profit du mérinos, élevé pour sa qualité de laine. Pour ce qui est du pigeon et de son élevage, très loin d’objectifs de rente, la richesse est cultivée et plus de 500 races sont recensées. Chaque club est dédié à une espèce aussi spécifique que celle du Club français des pigeons cravatés. La diversité génétique des pigeons est maintenue grâce à la passion transmise entre les éleveurs. La perte de popularité du pigeon auprès du grand public urbain apparaît alors comme un inconvénient.
Toutefois, ces croisements à la quête de la plastique parfaite du pigeon pose des questions éthiques. Bon nombre de croisements sont réalisés dans le but d’obtenir des qualités esthétiques et fantaisistes. Les races de pigeons domestiques sont toutes issues du pigeon bizet. Le colombiculteur, dans ce cas de figure, travaille l’animal comme une matière vivante. S'il se laisse quelquefois surprendre par les croisements, il tente de maîtriser le pigeon tel une production de sculpteur. Il développe une expertise des formes semblable à celle de Brancusi︎18︎ et des connaissances des mélanges de couleur équivalent à celui de Johannes Itten︎19︎.
Le site du club français de Lahore recense méticuleusement les différents croisements de couleur à opérer et ces résultats de couleurs︎20︎ :
« I - MÂLE BLEU X FEMELLE BLEUE : tous les produits sont bleus, sauf si le mâle est impur ; dans ce cas, un quart des produits (toujours des femelles) seront autres que bleu, notamment argentés barrés foncé »
« VI - MÂLE BLEU impur X FEMELLE ARGENTÉE : si le mâle porte le facteur argenté, nous aurons ; ¼ de mâle bleus impurs ; ¼ de mâle argentés purs ; ¼ de femelle bleues pures; »
« XV - MÂLE ROUGE X FEMELLE JAUNE : si le mâle est rouge pur, tous les produits sont rouge ; les femelles sont pures, les mâle sont impurs (parce que portant le facteur jaune) ; si le mâle est rouge impur, 50% des produits sont rouges (impurs pour les mâles), et 50% des produits sont jaunes tous purs. »
Les 15 coloris possible du pigeon Lahore
︎17︎Ibid.
︎18︎ Constantin Brancusi (1876–1957) était un sculpteur roumain connu pour ses œuvres épurées et abstraites comme L'Oiseau dans l'espace.
︎19︎Johannes Itten (1888–1967) était un peintre, professeur et théoricien suisse connu pour avoir développé d’influentes théories sur les couleurs.
︎20︎ Lahore Club Français, « Variétés », https://www.lahore-club-francais.fr/varietes.php
︎18︎ Constantin Brancusi (1876–1957) était un sculpteur roumain connu pour ses œuvres épurées et abstraites comme L'Oiseau dans l'espace.
︎19︎Johannes Itten (1888–1967) était un peintre, professeur et théoricien suisse connu pour avoir développé d’influentes théories sur les couleurs.
︎20︎ Lahore Club Français, « Variétés », https://www.lahore-club-francais.fr/varietes.php
Le colombier des Amis de Créteil
Le premier dimanche de novembre, je suis allé à la rencontre de l’association des Amis de Créteil. Les passionnés d’histoire qui la composent m’ont présenté le colombier de leur ville. Ce pigeonnier fut entièrement restauré sous leur direction en étroite collaboration avec la ville. Ils ont dû se démener pour trouver des financements et des partenaires locaux pour mener à bien la restauration de ce bijou du 14ème siècle. Par exemple, la charpente fut reproduite entre 1980 et 1983 par les étudiants de CAP du lycée polyvalent Mansart se trouvant non loin à Saint-Maur-des-Fossés. Le contrat passé avec la ville pour préserver cette construction classée monument historique impliquait d’en finir avec sa fonction initiale. Cela peut paraître ironique mais le pigeonnier a été purgé et interdit d’accès aux pigeons. Les ouvertures sont ainsi condamnées par des grilles anti-pigeons.
Mais le colombier de Créteil est aussi devenu un lieu de mémoire. Animé par les amis de Créteil, il accueille régulièrement du public. Des classes d’écoliers viennent y consulter les documents d’archives, des étudiants de l’université de Créteil viennent parler de restauration, des concerts y sont accueillis, et tous les premiers dimanches du mois, les curieux peuvent découvrir son histoire. Le pigeonnier fait donc vivre son territoire et encore une fois, les passionnés restent fidèles au pigeon en perpétuant et célébrant son histoire.
Jadis, le colombier assumait une fonction de garde-manger. Une sorte d'hôtel qui permettait aux oiseaux de s’y installer et y nicher leur famille dans des boulins ︎21︎ . Autonomes, les colombidés se nourrissent et s’abreuvent d’eux-mêmes. Le rôle du fermier est alors de vérifier le bon état de santé des pigeons et de venir cueillir les pigeonneaux bien dodus. Il balaie le sol vers un trou en pente permettant l’extraction de la columbine pour la récupérer et en faire de l’engrais.
![]()
![]()
Illustration du pigeonnier de Créteil par Viollet-Le-Duc,
issu du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle
Le premier dimanche de novembre, je suis allé à la rencontre de l’association des Amis de Créteil. Les passionnés d’histoire qui la composent m’ont présenté le colombier de leur ville. Ce pigeonnier fut entièrement restauré sous leur direction en étroite collaboration avec la ville. Ils ont dû se démener pour trouver des financements et des partenaires locaux pour mener à bien la restauration de ce bijou du 14ème siècle. Par exemple, la charpente fut reproduite entre 1980 et 1983 par les étudiants de CAP du lycée polyvalent Mansart se trouvant non loin à Saint-Maur-des-Fossés. Le contrat passé avec la ville pour préserver cette construction classée monument historique impliquait d’en finir avec sa fonction initiale. Cela peut paraître ironique mais le pigeonnier a été purgé et interdit d’accès aux pigeons. Les ouvertures sont ainsi condamnées par des grilles anti-pigeons.
Mais le colombier de Créteil est aussi devenu un lieu de mémoire. Animé par les amis de Créteil, il accueille régulièrement du public. Des classes d’écoliers viennent y consulter les documents d’archives, des étudiants de l’université de Créteil viennent parler de restauration, des concerts y sont accueillis, et tous les premiers dimanches du mois, les curieux peuvent découvrir son histoire. Le pigeonnier fait donc vivre son territoire et encore une fois, les passionnés restent fidèles au pigeon en perpétuant et célébrant son histoire.
Jadis, le colombier assumait une fonction de garde-manger. Une sorte d'hôtel qui permettait aux oiseaux de s’y installer et y nicher leur famille dans des boulins ︎21︎ . Autonomes, les colombidés se nourrissent et s’abreuvent d’eux-mêmes. Le rôle du fermier est alors de vérifier le bon état de santé des pigeons et de venir cueillir les pigeonneaux bien dodus. Il balaie le sol vers un trou en pente permettant l’extraction de la columbine pour la récupérer et en faire de l’engrais.
Les amis de Créteil, Les grandes dates du colombier de Créteil, 2017
Illustration du pigeonnier de Créteil par Viollet-Le-Duc, issu du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle
︎21︎
Boulin désigne les divers types de nids de pigeons de forme plus ou moins globulaire, en terre cuite ou bâti au plâtre.
Viollet-le-Duc, frappé par la beauté de ce pigeonnier, l'évoque en détail dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle
︎22︎
. Pour lui, un colombier, en plus de répondre à des problématiques fonctionnelles, est une construction qui va embellir le paysage. Le pigeonnier est un terrain d’entente, il suppose un contrat de confiance, le pigeon s’engageant à remplir l’assiette du seigneur de pigeonneaux en échange de sa liberté et d’une luxueuse demeure. La colombine se vendant à prix d’or, le colombier devient très rapidement la pièce la plus rentable d’une demeure noble. L’élevage de pigeons étant à l’époque exclusivement réservé au seigneur, les paysans contournaient la loi en attribuant une place aux pigeons dans leurs greniers .
En 2003 dans la ville de Caudry, a été inauguré un pigeonnier moderne conceptualisé par la designer Matali Crasset. Ce bâtiment lui est commandé par l’association colombophile de Beauvois-en-Cambrésis. Apeurés par le désintérêt de la jeune génération envers l’élevage des pigeons voyageurs, ils décident ensemble de créer un colombier pédagogique mettant en lumière la colombophilie. Le projet s’inscrit dans une démarche de restauration de l’environnement naturel de la région victime d’une pratique trop intensive de l’agriculture. Le pigeonnier accueille du public et sensibilise à la tradition qu’est l’élevage de pigeons voyageurs. L’espace est divisé en 3 parties : un premier compartiment réservé à 3 couples de pigeons résidents qui se reproduisent et servent de démonstrateurs pédagogiques, le second compartiment de 60 places est destiné à recevoir des pigeonneaux offerts qui participeront aux compétitions de l’arrondissement de Cambrai, le dernier espace est destiné à l’accueil du public avec exposition de documents et de matériel qui évoluent au cours des saisons.
![]()
![]()
![]()
Le pigeonnier témoigne ainsi d’une appréciation du pigeon dépassant la condition de l’animal de rente. L’attention particulière portée à l'ergonomie et à l’aspect de la bâtisse, démontre un soin porté à son environnement. Néanmoins, il n’est pas le seul monument que l’homme à érigé à la gloire du pigeon, certains artistes tel que Julien Berthier ︎23︎ lui ont dédié des statues.
![]()
![]()
![]()
En 2003 dans la ville de Caudry, a été inauguré un pigeonnier moderne conceptualisé par la designer Matali Crasset. Ce bâtiment lui est commandé par l’association colombophile de Beauvois-en-Cambrésis. Apeurés par le désintérêt de la jeune génération envers l’élevage des pigeons voyageurs, ils décident ensemble de créer un colombier pédagogique mettant en lumière la colombophilie. Le projet s’inscrit dans une démarche de restauration de l’environnement naturel de la région victime d’une pratique trop intensive de l’agriculture. Le pigeonnier accueille du public et sensibilise à la tradition qu’est l’élevage de pigeons voyageurs. L’espace est divisé en 3 parties : un premier compartiment réservé à 3 couples de pigeons résidents qui se reproduisent et servent de démonstrateurs pédagogiques, le second compartiment de 60 places est destiné à recevoir des pigeonneaux offerts qui participeront aux compétitions de l’arrondissement de Cambrai, le dernier espace est destiné à l’accueil du public avec exposition de documents et de matériel qui évoluent au cours des saisons.
Crasset, Matali, Capsule, Base de loisirs de Caudry (59), 2003
Le pigeonnier témoigne ainsi d’une appréciation du pigeon dépassant la condition de l’animal de rente. L’attention particulière portée à l'ergonomie et à l’aspect de la bâtisse, démontre un soin porté à son environnement. Néanmoins, il n’est pas le seul monument que l’homme à érigé à la gloire du pigeon, certains artistes tel que Julien Berthier ︎23︎ lui ont dédié des statues.
Berthier, Julien, Pigeonnier, Bronze, 2014
︎22︎
Eugène, Viollet-Le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, A. Morel, 1875.
︎23︎ Julien Berthier avec ses pigeons en bronze s’amuse de la passion que le Bizet porte humilier les statues de nos célébrités.
︎23︎ Julien Berthier avec ses pigeons en bronze s’amuse de la passion que le Bizet porte humilier les statues de nos célébrités.
Statue à l'effigie d’un pigeon
Le 28 octobre a été dévoilée une statue du basketteur Dwyane Wade devant le Kaseya Center de Miami. Dresser des statues est un moyen pour nous d’immortaliser une personnalité qui a su marquer un bout de l’histoire par ses actes. L’ancienne légende du club, gênée, déclara en découvrant l’hommage : « Qui est ce gars ? »
Si sa ressemblance et sa plastique laissent aujourd’hui à désirer, ses records persisteront et les seuls à se rappeler de cette boutade sont ceux qui l’auront connu vivant. Mais la grandeur des actes n'empêche pas un certain oiseau d’aller se percher sur la surface de bronze et d’y étaler ses excréments.
D’illustres humains écrivent l’histoire mais certains animaux ont eux aussi su la marquer au point de se voir honorés par une statue. Dans le quartier Shibuya de Tokyo se dresse ainsi une représentation de Hachiko.
L’Akita Inu avait pour habitude de retrouver Hidesaburo Ueno, son maître, à la gare de Shibuya. Un triste jour, Hachiko ne voit pas son ami revenir, et ne le reverra plus jamais car Ueno est décédé d’une hémorragie cérébrale en plein milieu d’une conférence universitaire. Pourtant, Hachiko, pendant sept ans, ne cessera jamais de se rendre à la gare chaque jour dans l’espoir de voir l’homme revenir. Sa loyauté touchera le cœur des Tokyoïtes jusqu’à être largement médiatisée. Un an avant son décès, Hachiko assistera à la construction d’une statue à son effigie, qui prendra son relais.
Cette statue témoigne d’une vision anthropocentriste de l’homme. Le chien est célébré pour sa soumission à l’humain. La situation témoigne d’une dépendance totale de l’animal. Le chien est aujourd’hui incapable de vivre en liberté et c’est ce qu’on met en avant au travers de cette statue.
![]()
![]()
![]()
![]()
![]()
Revenons à nos pigeons. Cet été fut dévoilée une statue monumentale en aluminium de pigeon bizet au cœur de New York. Cette statue, sobrement intitulée Dinosaure, fait référence à sa lointaine parenté avec le tyrannosaure. L’artiste Ivan Argote ironise sur le fait qu’un jour l’espèce humaine s’éteindra et qu’une nouvelle lui succèdera :
« Un jour, nous ne serons plus là, mais peut-être qu'un reste d'humanité vivra - comme les pigeons - dans les coins sombres et les interstices des mondes futurs ».
![]()
![]()
![]()
La pigeon perdure grâce à ceux qui parlent de lui. Les ambassadeurs de son folklore se rencontrent et commémorent les bons souvenirs des traditions colombophiles en voie de disparition. Le pigeon peine à renouveler sa fonction et trouver sa place dans l'anthropocène. Pour ne pas oublier de le remercier de ses services rendus il faut continuer d’employer ses symboles : que ce soit l’incarnation de la paix ou celui du mal-être animal en société.
Les 23 et 24 octobre a eu lieu une fête du pigeon dans la halle aux marchands de la ville de Rieumes. Lors de cette fête, est célébré sous toutes ses formes le pigeon ainsi que le pigeonnier. Comme dans mon écrit, ils voient comment le pigeon a été représenté par des sculptures, des peintures et des photos. Ils y présentent des pigeons voyageurs et des pigeons d’ornements. Un seul événement apparaît plutôt intriguant sur le programme : le midi, tous se sont délectés d’une grande Paella ! Ils auraient pu au moins manger du pigeonneau. À mon tour, je souhaite organiser une grande fête au pigeon.
![]()
![]()
Le 28 octobre a été dévoilée une statue du basketteur Dwyane Wade devant le Kaseya Center de Miami. Dresser des statues est un moyen pour nous d’immortaliser une personnalité qui a su marquer un bout de l’histoire par ses actes. L’ancienne légende du club, gênée, déclara en découvrant l’hommage : « Qui est ce gars ? »
Si sa ressemblance et sa plastique laissent aujourd’hui à désirer, ses records persisteront et les seuls à se rappeler de cette boutade sont ceux qui l’auront connu vivant. Mais la grandeur des actes n'empêche pas un certain oiseau d’aller se percher sur la surface de bronze et d’y étaler ses excréments.
D’illustres humains écrivent l’histoire mais certains animaux ont eux aussi su la marquer au point de se voir honorés par une statue. Dans le quartier Shibuya de Tokyo se dresse ainsi une représentation de Hachiko.
L’Akita Inu avait pour habitude de retrouver Hidesaburo Ueno, son maître, à la gare de Shibuya. Un triste jour, Hachiko ne voit pas son ami revenir, et ne le reverra plus jamais car Ueno est décédé d’une hémorragie cérébrale en plein milieu d’une conférence universitaire. Pourtant, Hachiko, pendant sept ans, ne cessera jamais de se rendre à la gare chaque jour dans l’espoir de voir l’homme revenir. Sa loyauté touchera le cœur des Tokyoïtes jusqu’à être largement médiatisée. Un an avant son décès, Hachiko assistera à la construction d’une statue à son effigie, qui prendra son relais.
Cette statue témoigne d’une vision anthropocentriste de l’homme. Le chien est célébré pour sa soumission à l’humain. La situation témoigne d’une dépendance totale de l’animal. Le chien est aujourd’hui incapable de vivre en liberté et c’est ce qu’on met en avant au travers de cette statue.
Statues habitées par des pigeons
Revenons à nos pigeons. Cet été fut dévoilée une statue monumentale en aluminium de pigeon bizet au cœur de New York. Cette statue, sobrement intitulée Dinosaure, fait référence à sa lointaine parenté avec le tyrannosaure. L’artiste Ivan Argote ironise sur le fait qu’un jour l’espèce humaine s’éteindra et qu’une nouvelle lui succèdera :
« Un jour, nous ne serons plus là, mais peut-être qu'un reste d'humanité vivra - comme les pigeons - dans les coins sombres et les interstices des mondes futurs ».
Ivan Argote,
Dinosaure,
2024
Conclusion
La pigeon perdure grâce à ceux qui parlent de lui. Les ambassadeurs de son folklore se rencontrent et commémorent les bons souvenirs des traditions colombophiles en voie de disparition. Le pigeon peine à renouveler sa fonction et trouver sa place dans l'anthropocène. Pour ne pas oublier de le remercier de ses services rendus il faut continuer d’employer ses symboles : que ce soit l’incarnation de la paix ou celui du mal-être animal en société.
Les 23 et 24 octobre a eu lieu une fête du pigeon dans la halle aux marchands de la ville de Rieumes. Lors de cette fête, est célébré sous toutes ses formes le pigeon ainsi que le pigeonnier. Comme dans mon écrit, ils voient comment le pigeon a été représenté par des sculptures, des peintures et des photos. Ils y présentent des pigeons voyageurs et des pigeons d’ornements. Un seul événement apparaît plutôt intriguant sur le programme : le midi, tous se sont délectés d’une grande Paella ! Ils auraient pu au moins manger du pigeonneau. À mon tour, je souhaite organiser une grande fête au pigeon.
Affiche et programmation de la fête organisée en l’honneur des pigeons et du pigeonnier de Rieumes
Bibliographie
︎Ouvrages
DE BOEVE Richard, Nouvel Atlas colombophile; Dessins des espèces de pigeons voyageurs, de ferme et de fantaisie, Paris, Hachette, 1899.
Grand quartier général des armées, Exploitation des pigeons voyageurs : résultats obtenus par ce mode de liaison pendant les batailles de Verdun et de la Somme, 1916, Paris, Imprimerie Nationale, 1917.
JARRIGE François, La ronde des bêtes, Le moteur animal et la fabrique de la modernité, Paris, La Découverte, 2023.
Les amis de Créteil, Les grandes dates du colombier de Créteil, Créteil, Les amis de Créteil, 2017.
LETELLIER Dominique, Pigeonniers de France, Histoire économique et sociale Technique architecturale Conseils de restauration, Toulouse, Privat, 2003.
SILVESTER Hans, Les Pigeons, Paris, Nathan, 1991.
VIOLLET-LE-DUC Eugène, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, A. Morel, 1875.
Sitographie
︎Articles, blogs et sites
Chemins de Mémoire, « Le musée de la colombophilie militaire », https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/revue/le-musee-de-la-colombophilie-militaire
[Consulté le : 14/11/2024]
Connaissance des Arts, « Picasso et Malaga : souvenirs d’une enfance d’artiste », https://www.connaissancedesarts.com/musees/musee-prado/picasso-et-malaga-souvenirs-dune-enfance-dartiste-11124244/
[Consulté le : 15/11/2024]
Coulon59, « Le pigeon voyageur et le centenaire de l'armistice 1914-1918 », http://coulon59.unblog.fr/le-pigeon-voyageur-et-le-centenaire-de-larmistice-1914-1918/
[Consulté le : 11/11/2024]
Coulon59, « L’eau et le pigeon voyageur », http://coulon59.unblog.fr/leau-et-le-pigeon-voyageur/
[Consulté le : 16/11/2024]
Club Français du Montauban, « Standard du Géant Hongrois », https://clubfrancaisdumontauban.jimdofree.com/standards/standard-du-geant-hongrois/
[Consulté le : 20/11/2024]
Kanpai, « Hachiko à Shibuya », https://www.kanpai.fr/tokyo/hachiko-shibuya
[Consulté le : 25/11/2024]
Lahore Club Français, « Variétés », https://www.lahore-club-francais.fr/varietes.php
[Consulté le : 12/11/2024]
Musée du Patrimoine, « Colombier de Créteil (Val-de-Marne) », https://museedupatrimoine.fr/colombier-de-creteil-val-de-marne/11838.html
[Consulté le : 30/11/2024]
Pigeon Voyageur, « Le secret de la vitesse des pigeons », https://www.pigeon-voyageur.eu/le-secret-de-la-vitesse-des-pigeons/
[Consulté le : 10/11/2024]
Pigeon Voyageur, « Sur le pigeon de vitesse et de demi-fond », https://www.pigeon-voyageur.eu/sur-le-pigeon-de-vitesse-et-de-demi-fond/?utm_content=cmp-true
[Consulté le : 10/11/2024]
Pigeons France, « Règlement et fonctionnement », https://www.pigeons-france.com/reglement-et-fonctionnement/
[Consulté le : 15/11/2024]
ResearchGate, « Character states shared by domestic pigeon breeds and extant columbiform species », https://www.researchgate.net/figure/Character-states-shared-by-domestic-pigeon-breeds-and-extant-columbiform-species_tbl1_43070446
[Consulté le : 16/11/2024]
Slate, « Les pigeons voyageurs, ces soldats méconnus de l'armée française », https://www.slate.fr/story/242231/pigeons-voyageurs-soldats-armee-de-terre-tradition-meconnue-premiere-seconde-guerre-mondiale-mont-valerien-oiseaux
[Consulté le : 16/11/2024]
War on the Rocks, « In the Era of Electronic Warfare, Bring Back Pigeons », https://warontherocks.com/2019/01/in-the-era-of-electronic-warfare-bring-back-pigeons/
[Consulté le : 16/11/2024]
WOEF« De boterhond liep in een rad om boter te karnen »,
https://woef.be/de-boterhond-liep-in-een-rad-om-boter-te-karnen/
[Consulté le : 16/11/2024]
Wikisource, « Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle – Ferme (Constructions rurales) », https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle/Ferme_(Constructions_rurales)
[Consulté le : 30/11/2024]
︎Films, vidéos et podcast
BLANCHOT Lucie, LERET-SURRAULT Anouk, MOYSAN Hoël « Porsche 911 » : https://vimeo.com/891080998/aab475b8cd?share=copy
France 3 Régions, « Championnat de France du pigeon de couleur : c’est la passion qui nous réunit », https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/moselle/championnat-de-france-du-pigeon-de-couleur-c-est-la-passion-qui-nous-reunit-2906114.html
France 3 Régions, « Le pigeon, c’est le cheval du pauvre : éleveur de pigeons de course, il raconte comment devenir colombophile professionnel », https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/le-pigeon-c-est-le-cheval-du-pauvre-eleveur-de-pigeons-de-course-il-raconte-comment-devenir-colombophile-professionnel-2937915.html
FranceTV Info, « À l'ère des drones, l'armée française entretient aussi des pigeons militaires », https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/a-l-ere-des-drones-l-armee-francaise-entretient-aussi-des-pigeons-militaires_4292621.html
JARMUSCH Jim « Ghost Dog: The Way of the Samurai », 1999.
Pigeon & Falconry (Pigeon and Falconry),« pigeon vs eagle || rescued eagle day by day health compilation || the rising of Indian falconry », https://www.youtube.com/watch?v=yC-WAKzmeZU
Radio Mélodie, « 1 200 pigeons rassemblés pour le championnat de France de pigeons de couleur », https://www.radiomelodie.com/a/19013-1200-pigeons-rassembles-pour-le-championnat-de-france-de-pigeons-de-couleur#google_vignette
Contact ︎
︎ pabloangeloaviges@gmail.com
︎@pabloaviges
Le projet de diplôme ︎
La collection Columbiforme invite à porter un regard neuf au pigeon en célébrant ses qualités, ses histoires et sa plastique. Inspirée par les courbes, les couleurs et les motifs singuliers des colombidés, elle retranscrit leur essence dans le dessin des objets.
Célébration columbiforme, Pablo Aviges, 2024, encre