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Baptiste Gault

Le destin contrasté du cuivre, L’Or Brun

Article 1 

L’or brun à la conquête du monde

_{Plaque de cuivre, BAPTISTE GAULT, 2023, Paris}

2. Le cuivre secondaire

La situation du cuivre reflète d’une part la période de sobriété que nous devrions soutenir. Paradoxalement, à défaut de diminuer, voire de stabiliser nos besoins, nous sollicitons toujours plus de cette ressource. Sur ce point, la France n’a jamais été autosuffisante ni en combustibles ni en minerais. Il faut avoir en tête que l’Europe contient uniquement 6 % du cuivre mondial à l’opposé de 38 % en Amérique du Sud.︎14︎ De ce fait, le cuivre pose des questions de gestion, d’économie circulaire, d’utilisation et d’optimisation pour notre avenir. En complément des mines, des filières de recyclage se sont établies en hexagone. L’économie circulaire s’est développée de manière significative sur ses ressources pour notamment sécuriser les filières.

En Europe, le cuivre est l’un des métaux les plus communément recyclés. Il apparaît comme une matière contrastée. Cela se matérialise à travers les différentes incarnations de produits sur plusieurs décennies et siècles. La diversité des provenances de cuivre primaire, des manufactures, des d’utilisations, de tri, etc., en fait un métal qui porte une histoire conséquente. Cette histoire est constamment enrichie par les nouvelles incarnations et usages. À travers le recyclage, un atome de cuivre présent dans une casserole a éventuellement pu se retrouver dans un câble électrique volé comme dans une lampe à huile. Rien ne semble arrêter ce chemin si ce n’est son prix croissant. Du dinandier, aux ferrailleurs jusqu’à l'industrielle, cette matière et ses alliages traversent les époques comme les professions qu’ils l’emploient. En effet, cette ressource est un témoin de l’évolution de par sa présence depuis le développement de nos sociétés.

Consommation de cuivre recyclé de 2010 à 2017 (en kt), BRGM, 2019

Aujourd’hui, le paysage des vieux déchets est majoritairement constitué de câbles électriques ainsi que de tuyaux de plomberie. Cependant, dans les années à venir, nous allons connaître des évolutions sur la nature du cuivre. En effet, la société Orange va opérer un décommissionnement national du réseau ADSL (réseau de cuivre). Cette opération consiste à enlever l’entièreté du cuivre afin de progressivement transférer les habitants sur le réseau de fibre optique. Lancé en France en 1999, ce sont des dizaines de milliers de kilomètres installés dans l’hexagone. Aujourd’hui, ce réseau est devenu obsolète. Le cuivre est remplacé par une matière en tous points plus performante et moins coûteuse à opérer. Vue comme une technologie de pointe au début du millénaire, elle est aujourd’hui en déclin et abandonnée. Rarement égalé, le cuivre a su s'incliner face à une matière non métallique.

Ce cuivre représente tout un pan de l’économie dont chaque entreprise comme personne souhaite avoir sa part. De l’industrielle, aux citoyens jusqu’aux voleurs, cette économie se constitue sur un réseau circulaire dans lequel le cuivre est injecté à deux reprises. Dans les manufactures avec du cuivre primaire et secondaire (nouveaux déchets) et à travers les recycleries sur une base de vieux déchets.

Le cuivre manufacturé va in fine passer dans un centre de recyclage au cours de sa vie. Cependant, ce cycle est constamment piraté. Pour cause, les vols de cuivre. Une visite dans une déchetterie suffit à comprendre l’intérêt même d’une quantité infime de cet or brun. Aujourd’hui, les débris de cuivre se font extrêmement rares au vu du prix à la tonne, étant de 7,89 €/kg contre 0,64 €/kg pour l’acier.︎19︎ Selon un employé de la déchetterie SIETOM, nous retrouvions il y a sept ans une à trois fois par semaine des câbles électriques et de la plomberie. Aujourd’hui, nous sommes à un débris toutes les deux à trois mois.︎20︎ Pour ce qui est des riverains et des recycleries, cette ressource est avant tout vue pour son apport pécuniaire. Malgré son surnom “d’or brun”, le cuivre n'apparaît pas comme une valeur refuge. Cependant, son intérêt pécunier grandissant, la convoitise du cuivre est de plus en plus visible jusqu'à la plus petite échelle.

3. Un avenir incertain

Dans les débats publics, la question de l’or brun est restreinte aux problèmes de vols et de dégradations. Ces actes sont un véritable fléau à toutes les échelles en témoignent leurs différentes cibles. En effet, des services publics aux entreprises, cette tendance est en explosion depuis l’augmentation des usages en cuivre et des situations économiques compliquées.︎21︎ De prime abord, voler du cuivre semble paradoxal et surprenant. Il ne s’agit que d’un métal fonctionnel et abondant sans faire l’état d’un métal luxueux. Ce dernier n’est pas réservé à l’orfèvrerie et à des technologies de pointe comme l’or et le dysprosium.︎22︎

Sur ce point, se sont justement ses applications et sa répartition sur le territoire qui font son succès parmi les voleurs. Il témoigne de l’intérêt grandissant de cette ressource à une plus petite échelle. Selon Véronique Fontaine, directrice régionale d’Orange en Pays de la Loire, en 2022, 440 tonnes de cuivre ont été volées soit la distance entre Nantes et Angers (91 km). Le préjudice s’élève à 3,5 millions d’euros.︎23︎ En 2022, 24 km de câbles, soit environ 37 tonnes, ont été dérobés. Cela a eu pour conséquences de priver de réseaux 6230 personnes sur plusieurs semaines.︎24︎ En moyenne, ce n’est pas moins de 16 vols de cuivre perpétrés chaque jour.︎25︎

Cette pratique incessante a pour effet de mettre une contrainte supplémentaire sur la gestion du stock de cuivre. La régularité des vols et des dégradations confirme la tendance croissante des trafiquants. En témoigne Jérôme Fournier, vice-président du groupe Nexans spécialisé dans les câbles électriques︎26︎ ; « Cette augmentation s’explique notamment par le renforcement des réseaux électriques inhérent aux politiques de transition énergétique ».

La nature des vols risque de changer avec l’apparition des emplois du cuivre à travers l’électrification des voitures. Cet Eldorado du cuivre est une réelle aubaine pour les délinquants. Les dégradations et le vol de cuivre ne constituent pas l’unique problème sur le cycle du cuivre. La filière de recyclage française est en partie dans une posture défavorable. En effet, depuis plus de 20 ans, aucune filière d’affinage de cuivre à 99,99% nécessaire à la production industrielle n’est installée sur notre territoire.︎27︎ En conséquence, l’unique source d’approvisionnement national est le recyclage par fusion.︎28︎ Malheureusement, la filière de recyclage n’est pas en mesure de traiter la masse de déchets produite. En témoigne le taux de récupération des déchets cuivrés de 25 % qui approvisionne seulement 30 % des manufactures françaises.︎29︎ L’augmentation progressive de la demande en cuivre à travers les politiques engagées va in fine rendre centrales les filières de recyclage. Cela impose sur le court et long terme d’importantes améliorations des filières concernées. Dans les années à venir, l’électrification du parc automobile va amener une hausse de l’usage en cuivre. Ce dernier compose l’entièreté du câblage et du bobinage des moteurs électriques. En fonction du degré d’électrification, les véhicules peuvent contenir jusqu’à 80 kg.︎30︎

En l’absence de filière de recyclage fiable et pérenne, la France ne sera pas en possibilité d’avoir une véritable politique de recyclage. De ce fait, la France exporte ses déchets métalliques non ferreux principalement vers l’Allemagne et la Belgique, ce qui alimente leurs propres stocks stratégiques.︎31︎

De première apparence, la filière de recyclage des métaux et plus précisément du cuivre apparaît performante. Cependant, les capacités de recyclage limitées freinent considérablement les mesures écologiques. Tout compte fait, nous sommes encore loin de parvenir à une forme d’indépendance à défaut de faire profiter nos pays voisins européens. Néanmoins, le recyclage ne réduit en aucun cas les pollutions produites par l'extraction minière. Ce dernier temporise l’extraction minière tout en revalorisant en métal déjà produit.︎32︎

Conclusion

Bibliographie

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